Face à l’épidémie en cours, les militant(e)s CGT se sont retrouvé(e)s en première ligne dans les entreprises et les services pour défendre la santé et la sécurité des salarié(e)s et répondre aux nombreuses questions des salarié(e)s. Exercice du droit d’alerte, information sur le droit de retrait en cas de danger grave et imminent, tenues de CSE, CHSCT et CSST extraordinaires pour exiger des mesures de protection, face à des employeurs privés et publics souvent sans scrupules, plus intéressés par la poursuite à tout prix de l’activité que par la santé des salarié(e)s.
Nous avons dû également prendre des dispositions pour assurer la continuité de l’action syndicale en période d’épidémie.
Parallèlement, la CGT a porté auprès d’un gouvernement aux abois et naviguant à vue des revendications claires : abrogation de la réforme sur l’assurance chômage, de la réforme des retraites, maintien du 100 % du salaire en cas de chômage partiel, fin du jour de carence… Elle a aussi rappelé la responsabilité politique des gouvernements successifs ayant cassé la sécurité sociale et le système de santé publique dans la situation actuelle, et pointé les écarts entre les déclarations et les actes (impréparation de la mise en place de l’école à distance, indigence des moyens disponibles pour assurer la continuité du service public et des moyens de protection des salariés).
Les ministères ont multiplié les déclarations contradictoires depuis le 12 mars.
Lundi 16 mars, le président de la République a annoncé la mise en place d’un confinement presque total, mais dont la mise en oeuvre est pleine de contradictions. Si l’on ne peut que se réjouir qu’il ait annoncé le report de la réforme des retraites et de l’assurance chômage (même si nous devons en obtenir l’abrogation, il s’agit là d’une première étape), ses annonces et celles du ministre
de l’intérieur font apparaître une tendance lourde : absence de contraintes pour les employeurs, contraintes maximums pour les travailleurs(es). Interdiction d’aller voir ses proches pour maintenir une nécessaire «distanciation sociale», mais autorisation d’aller travailler dans des conditions sanitaires favorisant largement la contamination (promiscuité, nombre très important de contacts du fait des effectifs importants ou du contact clients/usagers, absence de mesures de protection efficace).
Or, dans la période, la logique de prévention serait de fermer toutes les activités non essentielles, de réorganiser la production (au besoin par la réquisition comme en Espagne) pour assurer les fonctions vitales (alimentation et sa logistique, énergie, production de matériel de soin …) et l’ouverture en masse de lits de réanimation ainsi que la production de matériel médical. Et, pour les salarié(e)s assurant cette continuité, de mettre en oeuvre une politique de prévention et de protection massive en réorganisant les circuits de production.
Par ailleurs, se pose la question des personnes les plus précaires (sans abris notamment), particulièrement exposées en cas de confinement. Le président annonce des dispositions «en lien avec les associations», mais cela doit se traduire par une ouverture en masse de place d’hébergement dans des conditions de nature à assurer une réelle protection des plus vulnérables. La CGT luttera pour cette mise en oeuvre.
La solidarité reste au coeur du projet syndical CGT et en ces temps d’épidémie, nous appelons les salarié(e)s à la faire vivre, notamment pour les personnes les plus vulnérables, donc les plus isolées.
De même, nous appelons l’ensemble des travailleurs(es) à rester vigilant face au risque de dérive en terme de libertés démocratiques d’une telle situation.
Si les mesures de confinements se justifient pour lutter contre l’épidémie, nous appelons chacune et chacun à se protéger et protéger ses proches en prenant au sérieux l’épidémie et ses risques, les dispositions prises ne doivent pas se traduire par d’une part, un blanc-seing pour les employeurs, et d’autre part des mesures punitives pour les seuls salarié(e)s.
Nous appelons aussi également à la vigilance face aux «fake news», et à combattre les discours de replis nationalistes ou identitaires qui, loin d’apporter des réponses réelles à la crise sanitaire et son aggravation par l’organisation capitaliste de l’économie, désignent des
boucs émissaires.